Webinaires Ttépic: Théâtre et Transitions : écologie profonde, intelligence collective

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Publié le 2 décembre 2024 Mis à jour le 9 avril 2025
Date(s)

du 7 avril 2023 au 31 mai 2025

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Affiche webinaires
Affiche webinaires

Le groupe interuniversitaire Ttépic Théâtre & Transition : écologie profonde, intelligence collective, issu d’un programme de recherche fondé en 2021 à l'Université Côte d'Azur, explore et expérimente les idées d’intelligence collective et d’ouverture intersectorielle pour questionner la manière dont le théâtre, comme potentiel activateur de transformation, peut participer à l’essaimage des paradigmes de l’écologie profonde et de l’intelligence collective. Il s’intéresse tout particulièrement aux écologies relationnelles développées dans les démarches de création, les dispositifs et les imaginaires. L’approche écologique et collective le conduit à s’ouvrir à une pluralité de savoirs, de pratiques, et de méthodologies.
Créé en 2023, le webinaire Ttépic est un espace accessible à toustes au service d’objectifs communs. Il accueille et fédère des chercheureuses, des artistes, des opérateurices pour approfondir les questions d’écopoétique et d’art participatif. Il entend ainsi œuvrer au décloisonnement disciplinaire et sectoriel et promouvoir de nouvelles formes d’(inter)actions.  

Groupe interuniversitaire Ttépic
Universités Côte d'Azur - Lille - Paris 8

Programme des webinaires 2025

Lundi 13 janvier 2025 de 16h à 18h : Maxime OLLIVIER

Nous accueillons Maxime OLLIVIER
 Pour une rencontre intitulée : Réflexions sur l'artivisme et la joie militante au travers de l'expérience du Bruit Qui Court.
Néologisme mêlant Art et Activisme, le terme d’ARTIVISME (ré-)émerge récemment dans les milieux militants avec de plus en plus d'activistes se revendiquant de l'ARTIVISME. Et ce concept, ce mot, a une histoire. Quelles différences entre l'artivisme et l'art engagé ou l'art politique ? Comment l'art et la création viennent-ils nourrir les luttes et les espaces militants ? Par quoi cela se traduit-il au sein du Bruit Qui Court. Et enfin que se cache-t-il derrière la notion de "joie militante". Telles sont les questions autour desquelles nous échangerons.
 
Cofondateur du collectif Le Bruit Qui CourtMaxime Ollivier se définit comme activiste pour la justice sociale et écologique. Danseur, auteur, il a publié, en 2022, Basculons dans un monde vi(v)able (Actes Sud, 2022), en 2024, Vivre avec l'éco-lucidité (Actes Sud), et prépare actuellement un ouvrage autour de la notion d’artivisme (Actes Sud, à paraître).

10 février 2025 : La démarche écosophique de la compagnie Théâtre des trois Parques, avec Julie Delille et Mélanie Bizet 

Le Théâtre des trois Parques est une compagnie fondée en 2015 par Julie Delille, comédienne issue de l’école nationale de la Comédie de St Etienne et Clémence Delille scénographe formée à l’école supérieure du Théâtre National de Strasbourg. Associée à Equinoxe – scène nationale de Châteauroux de 2016 à 2019 puis actuellement à la maison de la culture – scène nationale de Bourges, la compagnie est implantée au cœur du Berry où elle mène des projets de recherche artistique et de médiation autour de ses thèmes de prédilection : le Vivant, les langages, les figures féminines.

Soucieuses de prendre soin de « la relation », Julie Delille et Mélanie Bizet portent au Théâtre des trois Parques un projet de médiation et d’interventions pédagogiques fort à destination des habitant·es, ainsi que des publics amateurs et scolaires. Avant, pendant et après les créations, la compagnie s'attache à éveiller l'imaginaire et la sensibilité liés aux lieux, aussi bien sur son territoire d’implantation que dans les théâtres qui l'accueillent et avec lesquels elle chemine dans la durée.

14 avril 2025, 15h-17h : Simon Gauchet

Le paysagiste Jackson Brinckerhoff publie en 1984 un ouvrage de référence, À la découverte du paysage vernaculaire dans lequel le paysage est pensé comme produit et habité par les hommes, avant d’être contemplé et apprécié esthétiquement. Dans le paysage, les hommes organisent collectivement, selon le principe du bien-être, leur cadre d’existence sur la Terre. John Brinckerhoff propose également une distinction fondamentale entre le “paysage politique” (produit par le pouvoir) et le “paysage vernaculaire” (fabriqué localement par les habitants).

Depuis bientôt 10 ans, l'École Parallèle Imaginaire invente des projets de territoire qui mettent en tension ces "paysages politiques" et ces "paysages vernaculaires" avec la volonté affirmée de fabriquer de nouvelles solidarités dans le contexte politique et écologique qui est le nôtre. Au travers le récit de plusieurs projets contextuels (Le Radeau Utopique, Le théâtre-Paysage de Bécherel, le ParadiseFest ou encore le Bois dormant), il s'agira dans cette intervention de réfléchir aux outils employés pour œuvrer artistiquement à l'échelle d'un territoire, d’évoquer les écueils de ces projets, mais également l'impact sur le réel que peut produire une œuvre imaginaire.

Artiste associé au CDN de Lorient de 2020 à 2022, et depuis janvier 2024, à Malraux, scène nationale de Chambéry, Simon Gauchet travaille comme acteur, metteur en scène, scénographe et plasticien. Il est le cocréateur de l’École Parallèle Imaginaire, un lieu nomade qui fabrique des expériences dans et hors des théâtres. Ses processus de création questionnent nos capacités d’imagination et nos rituels collectifs (...)

D'autres dates seront ajoutées au cours de l'année 2025.


Programme des webinaires 2024

15 janvier 2024 : Anna Street

Nous accueillons  

Anna Street  

MCF en études théâtrales à l'université du Mans

Pour une contribution intitulée  

«  Scén-eau-graphies à l'ère de l'Anthropocène »  

Cette séance propose d'explorer le tournant vers l'eau dans les arts de la scène contemporaine. Traçant d'abord l'histoire entre le théâtre et l'eau, nous allons se plonger dans la multiplication récente des engagements artistiques avec l'élément aquatique ainsi que dans les croisements avec la philosophie post-humaniste afin d'examiner si l'eau peut servir de modèle conceptuel et esthétique pour une nouvelle éthique écologique.

Anna Street est MCF en études théâtrales à l'université du Mans. Elle a obtenu son double doctorat à Sorbonne Universités et à l'Université du Kent à Canterbury après un Masters en philosophie à la Sorbonne. Traductrice de dix volumes dans la collection Les Petits Platons, ses publications comprennent également les volumes coédités Inter Views in Performance Philosophy (Palgrave 2017), Genre Transgressions : Dialogues on Tragedy and Comedy (Routledge 2023), ainsi que des articles sur la comédie et la philosophie et, plus récemment, sur le théâtre des immigrés et des réfugiés. Co-convocatrice du réseau Performance Philosophy et coordinatrice du projet Performing Water, ses recherches actuelles portent sur le rôle du non-humain dans l'art et la performance, notamment celui de l'eau.

2 février 2024 : Daniel Van de Velde et Véronique Perruchon

Nous accueillons   

Daniel Van de Velde et Véronique Perruchon 

  Pour un dialogue intitulé   

« D'une lumière à l'autre : Changer la nature de l'arbre »

 Cette séance est une proposition de promenade esthétique et philosophique en compagnie de Véronique Perruchon et Daniel Van de Velde où les arbres nous aideront à ne pas perdre le sentiment d’être des organismes vivants.

Daniel Van de Velde sculpte et écrit. Il creuse des arbres délaissés, mettant à jour quelques cernes de croissance. Le tronc évidé et segmenté, la sculpture devient un vide contenu qui absorbe le regard, le rend terrestre et cosmique à la fois. Ses œuvres installées en extérieur ou en intérieur donnent la mesure du lieu où elles s’inscrivent. Elles rendent esthétiquement manifeste, visible, l’énergie naturelle, physique qui est au fondement de notre univers. À travers poèmes (visuels et chromatiques) et récits, il rend compte d'un territoire où monde et inconscient fusionnent, se rendent indissociables l'un de l'autre, dans l'optique de nous réconcilier avec la totalité du vivant.

Véronique Perruchon, professeure en Arts de la scène, est spécialiste de la lumière de spectacle. Dans ce cadre, elle s'intéresse particulièrement à la transition écologique qui impacte le secteur par le passage au "tout LED". Parallèlement, elle propose une réflexion sur la lumière naturelle en interrogeant la possibilité d'une dimension écosophique de la lumière dans le champ du spectacle vivant.

19 février 2024 : Glenn Albrecht

Nous accueillons

Glenn A. ALBRECHT

Philosophe de l’environnement, associé honoraire à l'École des géosciences de l'Université de Sydney

  Pour une conférence-débat intitulée   

« Émotions et créativité des Terriens »

Dans mon livre, Earth Emotions (2019), je défends l'idée que ce sont nos émotions qui doivent être au cœur de notre réponse aux crises actuelles telles que le chaos climatique, la détresse des écosystèmes et l'extinction des espèces. Il semble que les faits seuls ne soient pas capables de générer une perturbation majeure du statu quo, mais que les faits conjugués aux émotions qui les soutiennent seront des agents de changement efficaces. Je suggère que certaines mentalités et actions "terraphthoranes" (destructrices de la Terre) sont désormais typiques de l'Anthropocène ou de la période de domination "dysbiotique" de l'homme sur l'ensemble de la nature. À l'inverse, certaines mentalités et actions "terranasciennes" (créatrices de la Terre) peuvent être à la base d'une nouvelle ère, le Symbiocène, ou période de collaboration symbiotique entre l'homme et la nature. Ces termes sont dérivés de terra, du latin "terre", du grec phthorá, qui signifie "corruption et destruction" et du latin nātūra, qui signifie "naître ou créer". Les interactions entre ces deux forces dramatiques dans nos personnalités, nos cultures et nos politiques sont maintenant à un point crucial. Les terranascientifiques ont un rôle essentiel à jouer à cet égard. Allons-nous continuer à permettre aux terraphthoriens de commettre un "meuacide" (mort émotionnelle), ou allons-nous créer un Symbiocène qui nourrit nos émotions terrestres sumbiophiles ? C'est dans ce drame ancien que se jouera l'avenir des humains et de la plupart des non-humains de la Terre.

Glenn A. Albrecht vit à Blackheath, sur les terres des Gundungurras, dans les Blue Mountains de la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Retraité de l'université Walter Murdoch, il est actuellement associé honoraire à l'École des géosciences de l'Université de Sydney, continue à travailler en tant que philosophe de l'environnement et a publié Earth Emotions chez Cornell University Press en 2019, publié en français et en espagnol en 2020, en néerlandais en 2024. Dans de nombreuses publications et conférences publiques au cours des deux dernières décennies, le Dr Albrecht a développé le thème de la psychoterratique (psyché-terre), ou des états émotionnels négatifs et positifs liés à l'état de la Terre. Les nouveaux concepts qu'il a développés sont désormais bien établis dans la littérature scientifique internationale, dans les nouvelles thèses de recherche et inspirent de nombreux créateurs dans les domaines de l'art et de la musique. S'il est surtout connu pour avoir créé le concept de solastalgie, ou l'expérience vécue d'un changement environnemental négatif, son travail le plus récent développe le méga-mème du "Symbiocène", un état futur où les humains se réintègrent au reste de la nature. Un livre portant ce titre devrait être achevé d'ici la fin de l'année 2024.

8 mars 2024 : Julie Sermon

Nous accueillons

Julie SERMON

Professeure en histoire et esthétique du théâtre contemporain à l’Université Lyon 2

  Pour une conférence-débat intitulée   

« Arts vivants / écologie : le travail des affects »

En quoi le souci de l’écologie (en tant que donnée scientifique, mais aussi, en tant qu’horizon politique, culturel ou philosophique) affecte-t-il les manières de concevoir, jouer et recevoir des œuvres ? Qu’est-ce que les formes et les pratiques du spectacle vivant nous donnent à percevoir des multiples réalités et pensées de l’écologie ? Dans quelle mesure renforcent-elles ou modifient-elles les sentiments qui leur sont associés ? De quels mobilisations et attachements écologiques les arts vivants sont-ils le fruit et/ou le vecteur ?

Telles sont les questions qui animent le programme de recherche AVETA (Arts Vivants / Écologie : le Travail des Affects), qui se déploie à la Manufacture-Haute École des Arts de la scène de Suisse Romande (Lausanne) depuis septembre 2022.

Dans le cadre du webinaire, Julie Sermon partagera les hypothèses fondatrices de cette recherche, les méthodes de travail de l’équipe AVETA (composée de sept chercheur·e et artistes-chercheur·es), et les premiers fruits de leurs explorations.

Professeure en histoire et esthétique du théâtre contemporain à l’Université Lyon 2, Julie Sermon est l’autrice ou la co-autrice de plusieurs ouvrages consacrés aux renouvellements des langages, des formes et des pratiques de la scène théâtrale et marionnettique. Depuis 2017, elle consacre l’essentiel de ses activités d’enseignement et de recherche aux relations, à double sens, qui peuvent se nouer entre les arts de la scène et l’écologie (voir Morts ou vifs. Contribution à une écologie sensible, théorique et pratique des arts vivants, éditions B42, juin 2021 ; Théâtre/Public n°247, « La condition écologique », avril-juin 2023).

25 novembre 2024 : Camille de Toledo

Nous accueillons

CAMILLE DE TOLEDO

Chercheur associé à l’Institut d’Études avancées de Nantes.

  Pour une conférence-débat intitulée   

« ACCOMPAGNER LES MÉTAMORPHOSES »

« Parlement de Loire, Internationale des rivières, société européenne des auteurs… trois “institutions potentielles” que j’ai créées ces 20 dernières années, au nom de ce que je nomme “un service public de l’imaginaire”… et comment je cherche, avec l’outil du récit, des histoires, à accompagner des métamorphoses de nos cadres juridiques, politiques… pour déborder les frontières des langues, nous mettre à l’écoute des entités non-humaines, adopter la perspective des milieux de vie, des rivières, des lacs, des forêts, et célébrer nos attachements… comment je définis l’habitation humaine du monde comme une “habitation narrative”, afin de mobiliser le langage pour changer nos manières de vivre… Ce sont quelques-uns des sujets que j’aborderai, en m’appuyant notamment sur les performances présentées au cours des dernières années : “… et la rivière devint un sujet de droit”, “comment la nature travaille ?”, “fiction d’une loi à venir…”. Mais surtout, je serai heureux de répondre à vos questions… »

Camille de Toledo

Camille de Toledo vit à Berlin. Il est écrivain, diplômé de sciences politiques, docteur en littérature comparée. Il a enseigné dans plusieurs institutions, dont l’École nationale des arts visuels, à Bruxelles. Il est chercheur associé à l’Institut d’Études avancées de Nantes. Finaliste du prix Goncourt en 2021, lauréat du prix Franz Hessel et du prix de la création de l’Académie française pour Thésée, sa vie nouvelle ; lauréat de la Villa Médicis (2004), de la Fondation Jan Michalski pour l'écriture et la littérature (2019). En 2008, avec Maren Sell, il a fondé la Société européenne des auteurs. Il a écrit pour l'opéra, pour le théâtre. Son dernier livre, Une histoire du vertige (Verdier, 2023), parle "des blessures" entre la langue et la vie. Il travaille également comme thérapeute avec une méthode basée sur la logothérapie de Viktor Frankl et sur les découvertes de la traumatologie. Engagé pour les droits de la nature, il a orchestré le processus pour un parlement de Loire, entre 2019 et 2021 dont est sorti un livre, Le Fleuve qui voulait écrire (2021). Il est aujourd’hui porteur de « l’internationale des rivières et autres éléments de la nature », un récit de bifurcation de notre économie politique s’appuyant sur le mouvement des droits de la nature.

6 décembre 2024 : Julie Delille

Nous accueillons
Julie DELILLE
Metteuse en scène – comédienne – pédagogue, Directrice du Théâtre du Peuple de Bussang, Directrice artistique de la
compagnie Théâtre des trois Parques
et
Mélanie BIZET
Responsable du développement et de la médiation de la compagnie Théâtre des trois Parques

Pour une rencontre autour de
La démarche écosophique de la compagnie Théâtre des trois Parques.

Le Théâtre des trois Parques est une compagnie fondée en 2015 par Julie Delille, comédienne issue de l’école nationale de la Comédie de St Etienne et Clémence Delille scénographe formée à l’école supérieure du Théâtre National de Strasbourg. Associée à Equinoxe – scène nationale de Châteauroux de 2016 à 2019 puis actuellement à la maison de la culture – scène nationale de Bourges, la compagnie est implantée au cœur du Berry où elle mène des projets de recherche artistique et de médiation autour de ses thèmes de prédilection : le Vivant, les langages, les figures féminines.

Soucieuses de prendre soin de « la relation », Julie Delille et Mélanie Bizet portent au Théâtre des trois Parques un projet de médiation et d’interventions pédagogiques fort à destination des habitant·es, ainsi que des publics amateurs et scolaires. Avant, pendant et après les créations, la compagnie s'attache à éveiller l'imaginaire et la sensibilité liés aux lieux, aussi bien sur son territoire d’implantation que dans les théâtres qui l'accueille et avec lesquels elle chemine dans la durée.

Webinaires 2023
Vendredi 7 avril 2023 de 16h30 à 18h : Marylise Cottez

Nous accueillons Marylise Cottez, chercheuse au CNRS dans le laboratoire Environnement Ville Société (Lyon), spécialiste des relations sensibles et cognitives aux cours d’eau pour une conférence intitulée

« Promouvoir une éthique relationnelle pour la gestion des cours d’eau »

Au cours de son intervention, Marylise Cottet présentera les différents types de liens, sensibles et cognitifs, qui relient les sociétés aux cours d'eau. Elle montrera les interactions qui existent entre ces liens et la préservation de la qualité de ces écosystèmes. Il s'agira en particulier de présenter les enjeux, à la fois écologiques et sociaux, de mieux prendre en compte l'expérience, les savoirs et les valeurs. Pour appuyer son propos, elle s'appuiera sur plusieurs cas étudiés dans le cadre d'enquêtes scientifiques mais aussi sur une collaboration avec un collectif de création artistique, La Folie Kilomètre, dans le cadre d’(Une Nuit), spectacle envisagé comme une médiation de l'expérience de la crue.

Jeudi 25 mai 2023 de 13h30 à 15h30 : Christelle GRAMAGLIA et Elsa PICARD

Nous accueillons Christelle GRAMAGLIA et Elsa PICARD, UMR GEAU INRAE Montpellier,

pour une conférence intitulée : « La rivière comme “être-en-commun” : une expérimentation participative pour co-construire des états futurs désirables de l’Auzon (Vaucluse)»

L’urbanisation et l’industrialisation ont fortement altéré le fonctionnement des rivières – au point qu’il faut désormais envisager de les restaurer. Cependant, les projets de restauration soulèvent des controverses. Les méthodes ne font pas l’unanimité parmi les experts. D’autant que les marqueurs biologiques de retour au "bon état" ne sont pas immédiatement quantifiables. Les acteurs sociaux ont par ailleurs du mal à se projeter sur le temps long, surtout quand leurs pratiques sont en cause. Faute de portage, beaucoup de projets, n’aboutissent pas (Lusson, 2020).

Notre communication rend compte d’une expérience participative qui, au lieu d’éviter les controverses, a permis de les expliciter pour s’en servir comme des espaces d’exploration et de co-construction du projet de restauration d’un petit cours d’eau vauclusien : l’Auzon. Celui-ci a été endigué et barré par des seuils. Ses rives, à Mazan, sont devenues des routes et des parkings, tandis que les sols de son bassin versant étaient artificialisés. Sa qualité écologique s’est dégradée en même temps que sa puissance de destruction, lors des crues, s’est accentuée. Cependant, plutôt que de proposer, seul, des solutions qui auraient heurté les attachements des riverains, le syndicat de rivière local s’est associé à une équipe de recherche interdisciplinaire pour imaginer des ateliers d’apprentissage mutuel au cours desquels les différents savoirs experts et riverains ont pu circuler et s’hybrider. Ce dispositif participatif a permis de discuter des enjeux techniques et sociaux, mais aussi de concevoir collectivement des maquettes sensibles de l’Auzon du futur – destinées à inspirer les ingénieurs.

Notre communication souligne les avantages des méthodes participatives créatives qui placent les experts dans une relation symétrisée avec les riverains - en recourant au sensible. Nous en tirons des réflexions pour penser le démantèlement des infrastructures à l’origine de la crise écologique.

Co-auteurs : Maria Alp (Riverly INRAE Lyon), Béatrice Maurines (CMW Université de Lyon), Sylvie Morardet (UMR-GEAU Lyon) & Oldrich Navratil (UMR EVS 5600 Université de Lyon).

Jeudi 22 juin 2023 à 15h : Elsa Ayache

Nous accueillons Elsa Ayache, Artiste et maître de conférences en arts plastiques, École des Arts de la Sorbonne (Université́ de Paris 1-Panthéon- Sorbonne), Institut ACTE.

Pour une conférence intitulée : « Art, fragile et mégafeux »

Que fait-on aujourd’hui, de ce que l’on voit, perçoit et sait des aspects concrets du réchauffement climatique : incendies, inondations, canicules, sécheresses entre autres ? Comment l’art rend-il compte de l’effondrement écologique ? Comment des œuvres plastiques explorent-elles la relation entre nature et crise et travaillent-elles avec leurs temporalités respectives ? À quels types de positionnements de leurs auteurs renvoient-elles ?

Inscrite dans la recherche en art, cette communication aura pour objectif de présenter une pratique artistique articulée depuis 2018 au phénomène extrême des mégafeux en Amérique. À travers un travail croisant texte, peinture, dessin et photographie, je souhaite aborder l’idée qu’entre l’évènement destructeur et sa représentation, se trouve un écart investi par l’art permettant, un moment, de s’extraire d’une temporalité de l’urgence et d’envisager une reliance. L’œuvre ne « répond » plus, à proprement parler, à la crise humaine et environnementale, mais l’incarne pour revenir à ce qui est là et à ce qui disparaît, pour être à l’instant de la perte de contrôle et de l’accident. Il s’agit d’ « y être » : par le processus long d’un dessin minutieux qui traite l’incendie foudroyant. « Y être » : non à l’événement, mais au danger atemporel qu’il représente. « Y être » : au fragile, séculaire. « Y être » : à ce point infime du basculement qui définit le vulnérable. Une peinture, des mots, qui n’ont pas nécessairement de fonction militante ou d’appel à l’action, peuvent néanmoins interroger la manière dont la crise écologique vient travailler nos propres incertitudes, notre capacité de regard, une conscience, une distance et les formes de l’art qui permettent de nous y relier. Ainsi, des œuvres seraient susceptibles de créer des espaces-temps où le petit et le gigantesque se donnent en miroir au sein d’un seul et même écosystème, en faisant résonner l’individuel et le collectif, l’intemporel et le situé, le domestique et le politique.

Affiche
Affiche hazardous

Elsa Ayache est artiste et maître de conférences en arts plastiques à l’École des Arts de la Sorbonne (université́ de Paris 1-Panthéon- Sorbonne) après avoir enseigné au Californian College of the Arts de San Francisco. Elle est affiliée à l’Institut ACTE. Sa thèse, intitulée « L’informatique comme outil et médium du peintre, pour une recherche de lâcher-prise en peinture » a confronté les méthodes et expressions picturales classiques et contemporaines aux nouvelles modalités de travail informatique. Sa démarche artistique s’ancre dans une peinture de la réalité́ nouant un rapport fasciné et critique aux images. Envisagée au sens propre, figuré et étendu, cette peinture combine différents langages et médiums : photographie, dessin, objet, texte poétique. Elle traite l’interprétation et la représentation de notions comme celles de perte de contrôle, d’accident, d’échec ou encore de fragile, au cœur des interactions entre nature et humanité.